Comment le dire et le faire ?

Une question complexe

La question n’est pas simple. Du fait d’abord de la diversité des terroirs. La France compte plus de 600 terroirs, riches d’un bâti spécifique procédant de la structure du terrain, des caractéristiques de l’activité agricole, de la nature des matériaux locaux…

A cause ensuite de l’effet du temps qui modifie le regard que l’on porte sur le bâti ancien et donc les conceptions que l’on se fait de sa restauration. Qui aussi fait perdre la trace des savoir-faire et des gestes anciens.

Depuis 1948, ce risque d’oubli est accru par l’évolution profonde des matériaux et procédés de construction, que le progrès technique a complètement autonomisés des fournitures et procédés locaux.

La curiosité est une qualité

Comment adapter à la vie moderne les maisons paysannes anciennes sans faire du faux vieux ni les dénaturer par des matériaux, des formats, des couleurs inadéquats ? Comment conserver leur charme et leur authenticité ainsi que leurs qualités énergétiques ? La réponse suppose de développer sa connaissance par un effort de recherche que nous vous proposons de faire ensemble.

Les débats sur cette question sont anciens et se poursuivront encore longtemps. Pour y participer, nous commencerons par clarifier la terminologie : c’est l’objet de la rubrique « les mots pour le dire ». Puis périodiquement nous demanderons leur point de vue à des experts et praticiens de la restauration : c’est l’objet de la rubrique « rencontre avec ».

Les mots pour le dire : entretenir, rénover, restaurer, reconvertir, bâtir une extension ?

L’aménagement d’une maison de pays traditionnelle soulève de nombreux dilemmes d’autant plus redoutables que les erreurs ne se révèlent qu’au terme des fatigues d’un chantier et ne se corrigent qu’au prix d’un alourdissement des dépenses. Depuis la création de MPF, les débats et les travaux qui y ont été menés ont précisé sinon clarifié la terminologie. Dans le prolongement des réflexions de la délégation du Lot, voici quelques définitions.

Entretenir :

L’usage de cette notion, avec les activités qui lui sont connexes, tend à disparaitre. Dans le passé, après la construction, la réparation était l’intervention essentielle du paysan et de l’artisan dont la coopération était au fondement des maisons paysannes. L’abandon de la notion d’entretien débouche sur la destruction qui oblige à restaurer, action réservée dans le passé aux monuments historiques.  Il faut préférer, chaque fois que la maison le permet et que l’on peut trouver des artisans compétents, l’entretien et la réparation à la restauration en totalité, plus coûteuse et pas forcément nécessaire.

Rénovation :

Il y a dans l’association un consensus pour rejeter la « rénovation » qui, sous prétexte de « moderniser », dénature en restructurant l’édifice par l’ajout de fenêtres, de portes, de lucarnes généralement mal proportionnées tout en utilisant des matériaux (ciment, plastique, PVC, bois tropicaux…) incompatibles avec le bâti d’origine.

Restauration : conserver / rétablir / réhabiliter

Les adhérent(e)s de MPF partagent une préférence pour la « restauration » avec toutefois des nuances voire des désaccords sur le contenu de la notion.

– Pour certains, il faut l’entendre comme une stricte conservation du bâtiment d’origine dans l’état auquel une histoire plus ou moins longue et agitée l’a conduit en respectant ses matériaux et ses formes.

– Pour d’autres, plus interventionnistes, on peut concevoir la restauration comme un rétablissement de l’état d’origine du bâtiment, ce qui implique des choix délicats car les bâtiments anciens sont tous des assemblages plus ou moins réussis d’éléments appartenant à des styles et des époques diverses.

– Plus récemment, le terme de réhabilitation est préféré. Dans le domaine de l’architecture, la réhabilitation désigne au sens large le fait de réaménager un bâtiment en conservant son aspect extérieur tout en améliorant son confort intérieur et son comportement thermique. Ce terme est plus conforme aux pratiques des nouveaux occupants des maisons rurales anciennes qui entendent bénéficier à la fois de leurs qualités esthétiques et thermiques et des avantages du confort moderne.

Reconversion, extension :

Aujourd’hui, la raréfaction ou la hausse du coût des maisons de pays traditionnelles débouche sur des possibilités nouvelles : la reconversion  de bâtiments agricoles (granges, moulins…) ou l’extension par une aile neuve de maisons paysannes trop exiguës au regard des modes d’habitat actuels. Comment respecter l’esthétique des granges traditionnelles, souvent majestueuses, tout en y coulant une maison confortable, durable et économe en énergie ? Comment concevoir une extension neuve en harmonie avec son ancêtre que ce soit dans la continuité ou la rupture stylistiques ?

Pour aborder ces questions et ces débats anciens et toujours pertinents, nous présenterons périodiquement les réponses et les points de vues d’experts de tous les horizons, qu’ils soient gens de métier ou gens de terrain.