Restauration d’une ferme du XVIII ème siècle

Restauration d’une ferme du XVIII ème siècle


APRÉS ( en été ) Mur fini avec enduit romain en soubassement

La ferme et le château des Varennes à Turny (dans l’Yonne près de Saint Florentin) datent de 1750. L’ensemble a été réalisé par Monsieur Sallot de Montacher, « seigneur des Varennes, premier avocat et conseiller du roi, maire perpétuel en la maréchaussée de Sens ».

La propriété est restée aux mains de cette famille jusqu’aux dernières années du XIXème siècle avant d’être vendu en pièces séparées. La ferme était alors composée d’une petite maison de gardien, d’un grand bâtiment de 80 mètres de long (logement du fermier, des ouvriers, moulin et granges), d’un bâtiment commun incluant le four à pain et de hangars. Elle a alors été acquise par un agriculteur qui a exploité la terre et fait fonctionner le moulin.

Au milieu du XXème siècle l’ensemble des bâtiments était debout comme le prouve une photographie aérienne de l’époque. La seconde moitié du siècle a été celle d’une lente dégradation faute d’entretien.  Vers 1990 la moitié des bâtiments tombaient en ruine et le reste était très dégradé. Les dix dernières années du siècle ont vu des travaux permettre la remise en état de la toiture des deux tiers du bâtiment principal ce qui a permis depuis son aménagement intérieur.

En 2010 et 2011, nous avons refait de façon traditionnelle une partie du mur de clôture de la propriété, en particulier grâce aux conseils obtenus lors du stage d’enduit à la chaux organisé en 2010 par la délégation de l’Yonne des MPF.

D’une longueur de 35 m et de 2,50 m de haut, ce mur de 50 cm d’épaisseur a été couvert de tuiles de pays récupérées. La maçonnerie est constituée de deux parements en pierre calcaire très tendre du pays, avec un blocage maçonné au mortier de chaux St Astier NHL 3,5.  L’enduit du mur est réalisé à la chaux NHL 2 avec une pointe d’ocre jaune de Puisaye. La partie basse du mur sera enduite au printemps prochain au mortier romain.

En 2011 c’est l’ancien hangar qui menaçait de s’effondrer qui a été repris. Le nouveau  s’est appuyé sur un mur conservé de l’ancien bâtiment, lequel a été renduit. La charpente est traditionnelle et chevillée. Elle repose sur des pierres de socle en grès récupérées de l’ancien hangar.

Les prochaines étapes de restauration pourront concerner le moulin dont il ne reste que la pierre de socle et dont le fonctionnement reste mystérieux à ce jour. Alimenté par l’eau détournée du ru de Linant, ce moulin avait une roue qui entrainait la meule. Mais la pierre de socle est à deux niveaux et elle affleure au ras des dalles du sol. Sensé être utilisé pour l’huile (de lin et / ou de noix, voire pour presser les pommes de la forêt d’Othe voisine), on ne voit pas comment ces jus pouvaient être récupérés. La toiture recouvrant ce moulin a disparu. Elle devra être refaite ainsi que le sol du moulin. Une cave voutée située à proximité est en partie effondrée et sa restauration s’imposera également.

Des bâtiments communs prolongeant l’habitation principale et dont l’usage a du évoluer au fil du temps (habitation des ouvriers agricoles, grange, étable), il ne reste que des murs plus ou moins hauts et détériorés. Faute de pouvoir réhabiliter cette partie de la construction, c’est au moins leur protection qui est à assurer. Seule l’extrémité de cette structure conserve 4 murs sur 1 niveau, en partie 2. Elle mériterait d’être à nouveau pourvue d’une toiture.

Enfin la partie restaurée du bâtiment principal qui mesure 50 m de long devra être renduite pour éviter les infiltrations d’eau si nuisibles avec les gelées sur la pierre calcaire très gélive de cette région icaunaise. Le bâtiment d’entrée, petite maison de gardien du château, d’ailleurs couvert en ardoises devra également être renduit pour retrouver son charme d’antan.

Le lavoir attenant devra retrouver sa petite toiture. On peut donc encore envisager quelques années de chantier pour restaurer ce patrimoine ancien témoin de son époque.